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Le désastre écologique des masques chirurgicaux
"Après plus d’un an d’épidémie, de nombreux pays ont fait du masque chirurgical une véritable obsession, invitant parfois à son usage de manière quasi-permanente. Mais cette généralisation du masque sans limite est en train de produire des dégâts considérables sur l’environnement et les animaux."
Il y a quelques jours, Michel-Édouard Leclerc, patron de l’enseigne de grande distribution portant son nom, annonçait héroïquement le lancement de la production de masques made in France, à des prix défiants toute concurrence. De quoi ajouter de l’eau au moulin de la folie des masques, désormais profondément installés dans les mœurs des citoyens français, et occidentaux plus largement. À l’école, dans la rue, et désormais — encore plus absurde — sur certaines plages… On ne compte plus le nombre d’endroits où une telle mesure se montre inutile. Mais cette surenchère n’est pas sans conséquence sur l’environnement.
Selon un rapport réalisé en décembre dernier par l'organisation de protection de la mer OceansAsia, basée à Hong-Kong, environ 1,56 milliard de masques se sont retrouvés dans les océans en 2020. Cela représente une pollution supplémentaire de 4 680 à 6 240 tonnes métriques de plastique marin, sur les 8 à 12 millions de tonnes de plastique qui entrent dans nos océans chaque année. Ce chiffre n’est pas étonnant au regard de l’explosion planétaire de l’utilisation de ces masques : la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), estime que les ventes mondiales ont totalisé quelque 166 milliards de dollars cette année, contre environ 800 millions de dollars en 2019. Selon des estimations de l’ONU, on pourrait s'attendre à ce qu'environ 75% des masques utilisés, ainsi que d'autres déchets liés à la pandémie, se retrouvent dans des décharges ou flottent dans les mers. En plus du désastre environnemental, cette pollution aurait également un impact financier, dans des domaines tels que le tourisme et la pêche. Ce dernier est ainsi estimé par le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) à environ 40 milliards de dollars en 2020.
Selon le rapport de l’ONG OceansAsia, ces masques mettront jusqu'à 450 ans à se décomposer, se transformant lentement en microplastiques tout en ayant un impact négatif sur la faune et les écosystèmes marins. Si ce type de pollution est difficile à percevoir au quotidien, il a pourtant des conséquences directes. Comme l’explique Gary Stokes, directeur des opérations d’OceansAsia, « la pollution plastique tue chaque année, selon les estimations, 100 000 mammifères marins et tortues, plus d'un million d'oiseaux de mer et un nombre encore plus important de poissons, d'invertébrés et d'autres animaux ».
D’autres chercheurs tentent d’étudier précisément la responsabilité du Covid-19 sur la biodiversité. Dans une étude publiée le 22 mars dans la revue Animal Biology, des chercheurs néerlandais ont dressé une liste non-exhaustive des espèces victimes collatérales de ces déchets qui sont ingérés par les animaux ou dans lesquels ils finissent piégés et meurent d’épuisement. La liste est tristement longue : chauves-souris, renards roux, oiseaux, poissons, hérissons communs, crabes, pieuvres… les masques chirurgicaux touchent de nombreux écosystèmes différents, remarquent les biologistes Auke-Florian Hiemstra du Naturalis Biodiversity Center et Liselotte Rambonnet de l'université de Leiden, à l'origine de cette étude.
Alors que la crise sanitaire offre l’occasion d’une prise de conscience des dégâts du mondialisme, l’abus du principe de précaution qui consiste à masquer des milliards de personnes pourrait bien engendrer des conséquences dramatiques pour notre environnement.